Le Toucher Ano-rectal et l'Anuscopie
Le toucher anal et rectal
C’est un temps important mais jamais suffisant dans bien des cas pour faire un diagnostique. Il permet d'apprécier toutes les lésions infiltrantes, inflammatoires mais aussi et surtout tumorales.
On peut ainsi :
sentir un cancer du canal anal ou rectal bas : l’induration, le cartonnement de la base et le sang que ramène le doigtier sont évidemment des éléments déterminants.
Repérer parfois un polype ou une tumeur villeuse procidente ou bas située,
Suspecter un abcès profond lorsque l’on sent une voussure exquisément douloureuse qui fait sourdre parfois un flot de pus.
Se rendre compte de la qualité de l’appareil sphinctérien et apprécier la tonicité sphinctérienne, la valeur de la contraction volontaire étant une notion importante lors du bilan pré-opératoire.
Réveiller une douleur à l’interligne sacro-coccygien c’est à dire une coccyalgie qui entre dans le contexte des algies rebelles.
La constatation d’une stase fécale dans l’ampoule rectale prouvre la dyschésie rectale, substratum habituel des constipations chroniques.
Le toucher anal et rectal peut etre parfois impossible et douloureux en raison d’une contracture qui est un des éléments de la triade symptomatique de la fisure anale.
Une anesthésie locale réduira alors le spasme et permettra de poursuivre l’examen.
Toucher anal en genu-pectorale.
Toucher rectal profond en décubitus dorsal,
cuisses hyperfléchies sur le bassin
en demandant au malade de pousser.
Le bilan proctologique est à la portée de tout practicien.
Il lui permet :
- souvent, dans la mesure du possible, de traiter et de soulager rapidement le patient,
- d'apprécier l'utilité d'examens complémentaires notamment endoscopiques coprologiques et biologiques,
- d'orienter vers le spécialiste.
Voir la photo d'une musqueuse anale normale
L'anuscopie
C’est le temps capital de l’examen proctologique.
Tout practicien devrait posséder un anuscope.
Technique
Toujours précédé du toucher anal, l’instrument bien lubrifié est introduit avec douceur à fond dans le canal, l’embout maintenu par la paume de la main pour ne pas blesser la muqueuse, est ensuite enlevé.
On aperçoit l’ampoule béante puis on retire trés progressivement l’anuscope.
Les parois du canal apparaissent avec netteté. Le malade ne doit pas pousser mais respirer profondément la bouche ouverte, en essayant de creuser au maximum la région lombaire.
Il faut savoir rassurer le malade, le mettre en confiance, dédramatiser ce moment ce souvent psychologiquement pénible.
Anuscopes
Intérêt diagnostique
Il permet de préciser deux types de lésions :
- inflammatoires,
- tumorales.
- Lésions inflammatoires : une congestion de la muqueuse anale, c’est-à-dire une anite qui peut être associée à un état inflammatoire au niveau des cryptes : cryptite, et/ou des papilles : papillite.
- Lésions tumorales : un cancer du canal anal ou rectal bas déjà perçu au toucher ano-rectal peut être visualisé à l’anuscopie, qui peut aussi découvrir des polypes ou des tumeurs villeuses, le plus souvent tout de même haut situées (diagnostic endoscopique).
L’anuscopie affirme essentiellement l’existence d’hémorroïdes, simples ou compliquées de thromboses, détermine leur siège, haut (sus-pectinéal), ou bas (sous-pectinéal).
On peut enfin découvrir, plus accessoirement, une parasitose (oxyurose même sans prurit), une ulcération thermométrique : petite déchirure ponctiforme de la muqueuse pouvant expliquer une rectorragie parfois cataclysmique ; parfois persistant depuis quelques jours, disproportionnée et non expliquée par l’état hémorroïdaire.
Il est bien évident que toute lésion hémorroïdaire chez un sujet qui présente des rectorragies doit faire chercher plus haut la cause de ces rectorragies à la recherche d’un cancer. Au contraire, la présence d’hémorroïdes n’exclut pas la coexistance de lésions en amont.
Voir la photo d'une lésion hémorroïdaire et d'un cancer de l'anus cliquez ici